Ce n’est ni la première ni la dernière fois qu’un titre original est meilleur que sa traduction française. En l’occurrence, The Bad and The Beautiful avait l’avantage de résumer efficacement le propos de ce documentaire sur Helmut Newton, légende décédée en 2004 d’un AVC au volant de sa voiture en sortant du Chateau Marmont, à Los Angeles. The Beautiful: les témoignages (globalement hagiographiques) d’intervenantes uniquement féminines, les modèles (Grace Jones, Claudia Schiffer, Charlotte Rampling), l’inévitable Anna Wintour, et son épouse de toujours June (alias Alice Springs), qui décrivent une façon de mettre à l’aise et un style photographique qui aura marqué une époque. The Bad: le fait que l’époque en question, vue par ses témoins directs comme un grand espace de liberté provocatrice, soit difficile à analyser aujourd’hui sans utiliser deux ou trois fois le mot “problématique”. Une époque où le photographe (remplacez par “réalisateur” si vous le souhaitez) assume de se servir de ses modèles comme de poupées et de n’en avoir rien à foutre de leur personnalité, du moment qu’elles servent sa vision. Une époque où, taxé de misogynie, on pouvait juste se permettre de répondre “au contraire, j’adore les femmes” en souriant, comme les racistes-qui-ont-un-ami-noir. Et malgré tout ça, une intéressante réflexion inversée sur la fameuse séparation homme-artiste (pour résumer, ici c’est l’artiste qui est Bad, alors que l’homme est Beautiful). Pour les amateurs de sucré-salé, donc.